Joint ce vendredi lors de la vacation hebdomadaire de Brest Atlantiques, Thomas Coville a raconté les trois premiers jours de mer sur Sodebo Ultim 3.

La carte postale. « Il fait super beau, je pensais que le soleil et le ciel bleu n’existaient pas, si, si, je vous rassure, il y a des coins de la planète où il fait méga-hyper beau. Par contre, de temps en temps, et ça nous a très embêtés toute la nuit et depuis 24 heures, il y a des gros grains, des nuages qui se forment et qui ont de temps en temps la mauvaise idée de bouffer le vent, ce qui n’est pas très bon pour la vitesse. Sinon, l’eau est chaude, il commence à faire bon à l’intérieur. Cette nuit, on a bien dormi l’un et l’autre en se relayant à la barre toutes les deux heures, ça change des conditions qu’on a connues les 24 premières heures. La nuit dernière, je me suis fait un plaisir comme ça faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé, barrer avec la lune entre 35 et 40 nœuds pendant deux heures, c’était génial, le rêve absolu. Il ne devait pas y avoir cinq personnes plus heureuses que moi sur la planète à ce moment-là. »

La première journée de course. « Le départ à Sein était viril voire sauvage, je n’aurais pas voulu être dans le bateau comité de course. La première nuit, j’avoue qu’avec un bateau neuf, même si on s’était entraînés en naviguant dans du mauvais temps et en poussant sur le bateau, on ne voulait vraiment pas casser, et c’est ce que nous avons réussi à faire, on a plutôt bien dosé et on est sortis pas si loin que ça des copains. Après, on a fait quelques erreurs de réglages et peut-être de positionnement, et hier, dans le début d’alizé, nous avons été très très lents sur trois-quatre phases, nous avons eu de gros trous d’air, et après, ça repartait très fort. »

Sa blessure à l’œil gauche. « Comme je suis un peu l’équipier d’avant du bord, je suis allé mettre le J1 devant et dans une accélération du bateau à plus de 40 nœuds, j’étais bien recroquevillé, mais l’eau est rentrée sous ma paupière et l’a retournée avec une pression terrible. Je me suis donc abîmé la paupière, l’œil a vraiment été lessivé, quand je suis retourné dans le cockpit, elle était toute détendue et du sang coulait de l’œil, à voir la tête de Jean-Luc et de Martin, j’ai compris qu’il m’était arrivé quelque chose. Sur le moment, ça fait mal, mais c’est plus impressionnant qu’autre chose et tout va bien, je vois très bien de l’œil gauche. »

Le media man Martin Keruzoré. « Il a la banane, il s’est bien acclimaté tout de suite, même si je pense que la première nuit, il s’est un peu posé la question de savoir ce qu’il faisait là, parce que ça envoyait, il devait se demander où les deux vieux allaient l’emmener. Là, ça va mieux, il est venu tout doucement me voir hier en me disant : « Est-ce que tu n’aurais pas du dentifrice parce que j’ai rien ? » Je ne vous raconte pas ce que ça coûte le dentifrice au marché noir, c’est pas facile, ces erreurs de jeunesse, mais le dentifrice est collectif ici, pas de problème. »

La stratégie à venir au Cap Vert et au Pot-au-noir. « Le Cap Vert va être un passage important dans la descente parce qu’il détermine comment on va se positionner par rapport à un Pot-au-noir qui bouge beaucoup, il était très actif ces derniers jours, il l’est un peu moins aujourd’hui, mais ça évolue tellement qu’à 36 heures près, c’est difficile de savoir où on va passer. »

Photo : Martin Keruzoré/Sodebo Ultim 3