Joint de vendredi à la vacation hebdomadaire de Brest Atlantiques, François Gabart (trimaran MACIF) est revenu sur les conditions actuellement rencontrées dans l'Atlantique Sud et sur l'escale à Rio.

Les conditions de vie à bord. « On est un peu dans un shaker, ça bouge, il y a un peu de mer, du vent, il reste de la houle face à nous, ce n’est pas hyper facile d’aller vite et dès qu’on va vite, ça tape fort. C’est toujours pareil, il faut trouver le bon compromis, ça devrait durer quelques heures pour ne pas dire quelques jours. Dans la bannette, il faut mettre la ceinture de sécurité, Gwéno a dormi avec le casque tout à l’heure, quand tu dors, le corps est relâché et quand le lit saute, le corps saute avec, ce n’est pas hyper simple. Mais dans mon siège, je suis relativement bien calé, j’arrive à tout faire sans trop me déplacer, je peux faire la météo, vous parler, manger, mais ce matin, quand j’ai pris le bol de céréales, il fallait être concentré, ne pas le remplir à ras bord, sinon, tu te retrouves vites avec des céréales sur les pieds. »

L’arrêt à Rio. « C’était hyper bizarre. Faire une escale pendant une course, c’est toujours très spécial, on se bat toujours en bateau pour aller plus vite, et tout d’un coup, on n’avance plus, on se retrouve avec l’équipe, en ville. C’est toujours très surprenant et mine de rien, en termes d’émotions, ça secoue aussi pas mal, on retrouve l’équipe, puis on lui redit au revoir, c’est assez fort, c’est une expérience assez extraordinaire. Des escales techniques en course, je n’en ai pas faites 150, mais je me souviens d'une escale sur la Barcelona World Race avec Michel Desjoyeaux en 2010 à Recife, c’était un peu pareil, hors du temps, je m’en souviendrai toute ma vie, ce sera la même chose pour celle-là. C’était un peu plus long que ce qu’on pensait, tout simplement parce que les dégâts étaient un peu plus conséquents qu’on ne l’imaginait. Mais l’équipe a fait un super boulot, ils avaient déjà bien bossé les nuits précédentes en Bretagne, parce qu’il a fallu modifier le safran qu’on a récupéré, la mèche a été modifiée, l’équipe a fait quelques nuits blanches, ils ont bossé, le plus important est qu’on puisse repartir dans de bonnes conditions avec un bateau en forme, ce qui est le cas. »

La suite du programme. « Comme l’anticyclone nous barre un peu la route, on se retrouve à traverser Rio-Le Cap dans des conditions pas simples, face à la mer au près pendant quasiment les deux tiers du parcours jusqu’à Gough Island, et après, une partie dans l’anticyclone où il y aura très peu de vent, on n’ira pas très vite. C’est dommage, parce que j’imaginais plutôt ce parcours Rio-Le Cap pleine balle sur de la mer plate, j’en ai rêvé ces derniers mois. Malheureusement, ce ne sera pas pour cette fois, il faudra revenir. Mais on n’a pas vraiment le choix de rester devant cette dépression pour gagner vers l’anticyclone et voir dans les jours qui viennent s’il y a des fenêtres qui se libèrent. »

Photo : Jérémie Eloy/trimaran MACIF