Alors que le quart de la distance totale de Brest Atlantiques a été parcouru en plus ou moins six jours par les quatre trimarans de la Classe Ultim 32/23, la deuxième semaine de course s’annonce animée avec les arrêts prochains du Maxi Edmond de Rothschild à Salvador de Bahia et du trimaran MACIF à Rio de Janeiro. De quoi permettre à Sodebo Ultim 3 et Actual Leader de largement revenir dans le match.

Tous sortis indemnes d’un Pot-au-noir qui, les images et textes envoyés par les media men en témoignent, aura secoué les bateaux et les marins, les quatre trimarans de la Classe Ultim 32/23 s’offrent en ce 11 novembre un armistice bienvenu sous la forme d’un long bord de travers et de glisse le long des côtes brésiliennes, qu’ils ont tous atteintes, à l’exception d’Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella), situé à environ 200 milles de la latitude du nord-est du Brésil lundi à 16h. Dans un vent de sud-est de 10-15 nœuds, les vitesses sont restées élevées dans la matinée, avant de faiblir en même temps que l’alizé en début d’après-midi pour les  deux premiers, le Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier) et le trimaran MACIF (François Gabart/Gwénolé Gahinet), qui vont s’arrêter, respectivement à Salvador de Bahia et Rio de Janeiro.

Le premier pour une réparation au niveau de la dérive, abîmée dans un choc avec un OFNI (objet flottant non-identifié), l’escale à Salvador, où il est attendu tôt mardi matin (heure française), étant supervisée depuis Lorient par Cyril Dardashti, directeur général du Gitana Team. « L'équipe technique est arrivée la nuit dernière à Salvador, explique ce dernier. Aujourd'hui, elle doit préparer tout le matériel pour qu'à l'arrivée du Maxi Edmond de Rothschild, les choses s'enchaînent le plus rapidement possible. Ce n'est jamais souhaitable de s'arrêter et c’est dur pour Franck et Charles qui ont beaucoup donné depuis le départ pour construire l'avance qu'ils possèdent aujourd'hui sur le reste de la flotte, mais cette escale est indispensable pour repartir avec un bateau à 100 % de son potentiel ».

Même escale indispensable pour le trimaran MACIF, dont le safran de coque centrale a été endommagé au large du Cap Vert, comme l’a confié François Gabart au media man Jérémie Eloy : « On naviguait relativement vite, à 35-40 nœuds, lorsque nous avons tapé quelque chose assez fort, nous avons entendu un bruit très sec, nous avons violemment percuté un objet flottant non-identifié, ce qui a entraîné la casse du safran central. Ce safran à l’arrière de la coque sert à diriger le bateau, mais par chance, nous en avons trois sur nos trimarans Ultim, donc il nous reste les deux safrans de flotteur. En ligne droite, on continue à aller vite et bien, en revanche, il y a des moments où le bateau devient peu manoeuvrant et où on est tout proches de la sortie de piste, un peu comme ce que j’avais vécu l’année dernière sur la Route du Rhum après la perte d’un safran de flotteur. »

François Gabart et Gwénolé Gahinet, en concertation avec l’équipe MACIF, ont donc pris la décision de s’arrêter, choisissant de procéder à la réparation à Rio où ils devraient arriver mercredi. « Compte tenu de la progression du bateau et de la logistique à mettre en œuvre autour de cette réparation, le port de Rio s'est révélé le meilleur compromis. Une équipe restreinte partira donc ce lundi en direction de Rio où le bateau est attendu mercredi. Le safran de rechange acheminé a quant à lui été fourni par le team Banque Populaire », a indiqué l’équipe lundi en début d’après-midi.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, ces deux arrêts vont forcément profiter à Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias) et Actual Leader qui vont probablement passer devant Edmond de Rothschild et le trimaran MACIF, même si, d’après Christian Dumard, consultant météo de Brest Atlantiques, ils ne vont pas bénéficier de conditions très propices aux hautes vitesses : « On constate déjà en ce moment que l’alizé est en dents de scie, il va continuer à être assez mou et irrégulier jusqu’à Rio. Par contre, en arrivant sur Rio, probablement mercredi après-midi pour les premiers, ils vont retrouver du vent fort, mais orienté est, ce qui signifie qu’une fois enroulées les îles Cagarras, ils vont repartir au près dans du vent fort. Les conditions ne seront pas faciles, tous doivent commencer à réfléchir à leur stratégie et à la gestion du bateau. »

Photo : Jérémie Eloy/MACIF