Voici le mot du bord reçu mercredi 6 novembre de Jérémie Eloy, media man sur le Trimaran Macif.

"Brest, le goulet, la houle, le vent qui siffle, le soleil... On jongle entre les vagues, à peine un regard vers le bateau comité, on a déjà passé la ligne. Dans tout ce vacarme, François crie, c’est bon, bon départ. Et on s’engouffre dans le sud. Une descente fulgurante nous attend, enfin m’attend moi surtout, car mes deux compères la connaissent bien, mais pas moi.

Ils sont rassurants François et Gwéno, forts dans leurs bottes, le regard concentré sur ces tableaux pleins de chiffres... Je n’en comprends pas la moitié, mais je fais semblant ; je les regarde aussi, ça me rassure. Ça tape, ça hurle, le trimaran MACIF accélère, une longue et vertigineuse descente. On est au-delà des 40 nœuds, c’est grisant, tels des cavaliers sur leurs montures, les cheveux dans le vent, le sourire aux lèvres…
On reconnaît rapidement le bout de la descente, le bateau est à pleine vitesse, il commence à trembler de partout, les foils vibrent, 45, 46... Et il retombe pour mieux recommencer.

Je filme, c’est pour ça que je suis là, je m’étale comme je peux, où je peux, pour être stable, pour trouver un angle… Je descends, mon bureau m’attend, le service com aussi. Je prépare tout minutieusement, au moment de m’installer, il me manque un câble, il a dû glisser là, ou là, ou là… Chaque geste devient surhumain, un peu comme sur un sommet ; chaque geste compte, alors je retourne les poufs, et après 10mn, je le retrouve et je transpire. J'ai volé 12 fois dans la coque, et toutes les 3 minutes, je m’allongeais pour reprendre des forces.

Mon montage envoyé, je suis allé voir mes deux compères, toujours droits dans leurs bottes, le regard vers l’horizon. Tout allait bien… J’ai retourné des images dans la nuit, j’ai ensuite plutôt bien dormi. Ce matin la lumière était belle, j’en ai profité, puis vaisselle, préparation du repas... Cela n’avait pas l’air trop mauvais, en même temps louper un repas lyophilisé… La journée passe ainsi rythmée par le vent qui baisse, qui monte, et ces furieuses accélérations. Mais on a le sourire tous les trois."