Pour la première fois sur une course en double, un media man sera présent à bord des quatre maxi-trimarans qui s’élancent mardi au départ de Brest Atlantiques. Pour les quatre reporters embarqués, il s’agira de faire vivre de l’intérieur le quotidien des huit skippers sans participer à la bonne marche du bateau.

Course en double ou en triple ? La question autour de la présence d’un troisième homme à bord sur Brest Atlantiques, en l’occurrence un media man chargé de faire partager le quotidien de la course, a souvent été posée cette semaine aux skippers par le public venu en nombre assister aux conférences de présentation des quatre teams engagés sur Brest Atlantiques. La réponse est claire et figure dans les instructions de course : « Le media man ne doit en aucun cas participer à la performance du bateau, à la réparation ou la maintenance de celui-ci ». Ce qui signifie que Brest Atlantiques est bien une course en double, le media man ne jouant aucun rôle dans la bonne marche du bateau.

Si la présence à bord d’un spécialiste de l’image n’est pas une nouveauté en matière de course au large, déjà expérimentée avec succès sur la Volvo Ocean Race lors des trois dernières éditions, elle s’est vite imposée aux yeux de l’organisateur de Brest Atlantiques : « Nous avions vraiment à cœur de faire vivre Brest Atlantiques de l’intérieur pour mettre en lumière les bateaux extraordinaires que sont les « Ultim » et les marins de grand talent qui les skippent, confirme Emmanuel Bachellerie, directeur général de Brest Ultim Sailing. Compte tenu de la difficulté de mener ces maxi-trimarans, de la longueur de la course et de sa complexité d’un point de vue météo, nous avons pensé que ces derniers n’auraient pas vraiment le temps de s’occuper de transmettre de l’image. » Co-skipper du Maxi Edmond de Rothschild, Charles Caudrelier confirme : « C’est une très bonne chose d’avoir un media man à bord, parce que l’intensité sur ces bateaux est telle qu’elle ne nous permet pas de faire ce travail. »

Dès lors, chaque team inscrit sur Brest Atlantiques s’est mis en quête de l’oiseau rare. A bord du Maxi Edmond de Rothschild, le choix de Yann Riou, 45 ans, s’est vite imposé : ce dernier, l’un des pionniers du genre, puisqu’il en a fait son métier depuis la Volvo Ocean Race 2011-2012 disputée aux côtés de… Franck Cammas et Charles Caudrelier, collabore depuis des années avec le Gitana Team. « Yann a fait un tour du monde avec Franck et moi, il a fait trois fois la Volvo, c’est un ami, un des meilleurs dans ce domaine, c’était un choix évident », poursuit Charles Caudrelier.

Sur Sodebo Ultim 3, Thomas Coville a fait appel à Martin Keruzoré, 30 ans, qui compte à son actif des collaborations pour plusieurs teams de course au large et une participation à la dernière Volvo Ocean Race. « Martin a une signature graphique qui m’a beaucoup impressionné, commente le skipper. En plus, c’est un athlète, très engagé physiquement, et un gars toujours humble et très bienveillant dans sa manière de traiter les images et les gens, j’ai une confiance totale en lui. »

Même confiance pour François Gabart en Jérémie Eloy, 41 ans, media man à bord du Trimaran Macif et ancien kite-surfeur professionnel : « Jérémie collabore avec nous de manière très rapprochée depuis un an et demi, j’adore ce qu’il fait. C’est d’abord un plaisir au niveau artistique de travailler avec lui, en plus, c’est un ancien sportif de haut niveau, il a donc la compréhension des problématiques de compétition et de nos enjeux de performance. »

A bord d’Actual Leader, Yves Le Blevec a aussi fait appel à un spécialiste de la glisse, de surf en l’occurrence, Ronan Gladu, 36 ans : « Mon premier critère de choix, c’était d’avoir quelqu’un dont le métier est de faire de l’image et capable de supporter la vie sur une telle bête pendant 30 jours, le fait qu’il soit « voileux » ou pas m’importait peu. Avec Ronan, ça a vite matché, j’ai tout de suite adoré ce qu’il faisait et j’ai trouvé qu’il était hyper enthousiaste. »

Les quatre reporters embarqués, qui devront chaque jour envoyer un montage vidéo de deux minutes, des photos et des textes à l’organisation, ont eu a minima la qualification obligatoire de 2000 milles pour prendre leurs marques dans l’espace qui leur est réservé à bord et se fondre dans l’équipage, la présence d’un troisième homme changeant la donne. « Sur la Volvo Ocean Race, le media man est un parmi onze, là, on n’est que trois, donc c’est loin d’être innocent et ça change pas mal de choses en termes de relations sociales à bord », confirme Franck Cammas. « Quand tu es en double, tu es souvent tout seul, donc forcément, la présence du media man va changer les choses, on va beaucoup plus discuter que d’habitude », ajoute Yves Le Blevec. Thomas Coville conclut : « Martin va être le témoin privilégié de notre complicité. L’audace de cette génération va permettre d’apporter un autre regard et de toucher d’autres publics, je suis curieux et j’ai hâte de voir ce que ça va donner. » Il n’est pas le seul...