La direction de course de « Brest Atlantiques » a défini en Atlantique Sud une zone d’exclusion des glaces, Jacques Caraës explique en quoi consiste cette « ZEG », que sont en train de longer les quatre trimarans.

« La zone d’exclusion des glaces est une zone dans laquelle les trimarans ne peuvent pas pénétrer pour leur sécurité, sous peine d’y rencontrer des growlers. Nous la délimitons après consultation de notre partenaire, CLS, qui étudie le déplacement des icebergs en Atlantique Sud via notamment des photos satellites.

Les growlers sont des morceaux de glace, qui peuvent faire jusqu’à 100 m2, voire plus, qui émanent de la fragmentation d’un iceberg. Dès qu’un gros bloc de glace arrive en fin d’histoire dans de l’eau à 10-12 degrés, il se morcelle très vite en une multitude de growlers. Ce sont des morceaux pas très hauts, donc difficilement repérables au radar depuis les bateaux. Là, les growlers que nous craignions émanaient d’un gros morceau de banquise repéré en août dernier par 45° Sud, à environ 900 milles dans la partie ouest de Gough Island, île que les premiers bateaux ont laissée à tribord ce lundi, ils dérivaient vers l’est-nord-est.

Nous avions donné une première version de la « ZEG » que nous avons ensuite légèrement modifiée en la rehaussant de quelques degrés, jusqu’à 37°60, sur la partie ouest de Gough Island, parce qu’on estimait qu’il y avait justement ce risque de dérive de growlers jusque-là. On se rend compte aussi par expérience que c’est toujours en Atlantique Sud que l’on constate les remontées les plus hautes en latitude. Après Gough Island, cette limite descend par 43° Sud, parce qu’on estime qu’il n’y a plus de risques au regard des photos satellites.

Si un bateau pénètre dans la « ZEG », il y a deux solutions : soit il répare sa faute en faisant demi-tour et en repassant par le point d’entrée en le laissant à tribord, soit, s’il ne peut pas réparer, son cas passe au jury qui établira la pénalité, sachant que la direction de course lui fournit le point d’entrée et le point de sortie. Il n’y a pas de disqualification, mais le jury prend sa décision, une pénalité en temps, qui va dépendre du temps dans lequel le bateau est resté dans la zone interdite et de l’éventuel gain il a pu en tirer. »