Visual Story du 14 nov. 2019 / Jour de course #9
Martin Keruzoré / Mediaman à bord de Sodebo Ultim 3
La nuit tombe sur ce neuvième jour de course, l’atmosphère légèrement voilée par les embruns laisse apparaitre dans notre avant tribord des formes, la terre, des petits monts. Jean Luc me confirme aussitôt que ce sont les pains de sucres, symbole de notre premier point de passage, Rio.
Pour la première fois depuis notre départ, l’horizon est illuminé, doré couleur or, les nuages jaunis par les lumières de la ville détourent les reliefs qui nous font faces. On s’approche, zigzagant à travers tankers et pécheurs non éclairés, il y a du monde dans le bourg. La sensation d’arriver dans un endroit comme celui-là, après des jours de mers, noyé dans le bleu de l’océan, peut paraitre assez brutal et presque irréel. Avant de contourner notre marque de parcours, au plus proche de la côte, nous pouvons distinguer les gens aux abords de la plage d’Ipanema, sentir cette chaleur humaine, cette agitation qui règne à quelques mètres de nous. Pas le temps pour du tourisme, il faut gyber pour repartir aussitôt vers le large, laissant ces ambiances et ces lumières dans notre sillage. Merci Rio pour cette trop courte soirée en ta compagnie.
Ronan Gladu / Mediaman à bord d'Actual Leader
Au passage de la pointe « Cabo Frio », avant de tourner vers Rio, il y avait un « front à passer »… En gros, un changement météo instable, dans une mer « en chantier », mal rangée.
Ça a commencé de jour par de la pétole, scotché sans vent, avec des gros nuages au fond qui nous fuyaient... Toutes voiles dehors, une fois la nuit tombée - sans lune - le vent est monté. Ils ont passé au crible presque toutes leurs voiles et configurations, et ça leur a pris la nuit entière !
C’est dans ce genre de moment que je me rends compte qu’ils font un super duo : bravo les gars.
Et cet après midi, enfin nous arrivons à Rio ! C’était notre objectif principal depuis 10 jours. Depuis le temps qu’on en parle, on s’était fait des films : un beau virement devant la plage de Copacabana ? Peut-être la silhouette du Corcovado ? d’un string ficelle à l’horizon ? l’odeur du monoï ? De la Samba ? un petit quelque chose « Do Brazil » quoi ! Je me voyais déjà immortaliser la scène avec un petit coup de drone… Tu parles !
Brouillard à couper au couteau, vieille pluie mutante, froid glacial en ciré… visibilité 100m maxi par certains moments…à tel point qu’on a dû affaler la voile d’avant, tellement c’était chaud : on ne voyait RIEN! On a cru apercevoir 3 buildings, les odeurs de poubelles, 2-3 cannettes de coca qui flottent dans de l’eau marron... et basta !
C’est peut-être mieux qu’on n’ait pas débarqué, on serait sûrement tombés sur un gros relou en mode : « Et bééé, le brestois, le breton, tu as ramené la pluie !?! » grrr, moi ça m’a un peu sapé le moral !
Mais Yves et Alex, eux, ils s’en foutent, il faut dire que les îles Cagaras sont super jolies et dans la brume, ça avait un côté mystique.
Bref, prochaine marque à 3260 milles ! Là on se prépare pour 4 jours minimum de près qui tape, dans la brise, sur le hachoir en carbone ! Wahou !