Les organisateurs de Brest Atlantiques ont annoncé ce jeudi le report du départ de la course, initialement prévu dimanche. Une décision qui a fait l’unanimité parmi les marins. Explications.

Jacques Caraës, directeur de course de Brest Atlantiques : « A partir de samedi, un front très actif passe, avec des vents supérieurs à 45 nœuds fichiers, ça veut dire 50-55 nœuds dans les rafales, et une mer supérieure à 8 mètres dans le Golfe de Gascogne, ce n’est pas un terrain de jeu adapté pour ces bateaux, et pour aucun autre bateau d’ailleurs. La situation est très dégradée, ce qui nous a conduit à reporter ce départ, nous ne sommes pas dans les jeux du cirque, cela aurait été une faute professionnelle de notre part de lancer la course dimanche. Nous regardons désormais avec beaucoup d’attention la situation météo à venir, sachant que ce sont des bateaux qui peuvent « dégolfer » (sortir du Golfe de Gascogne) très vite, en 10-12 heures, nous saisirons la moindre opportunité avec l’accord des skippers. Aujourd’hui, nous entrevoyons une fenêtre pour mardi prochain, que nous étudions avec attention, ensuite la situation sera de nouveau bloquée jusqu’à la fin de la semaine prochaine puisqu’une autre dépression arrive jeudi. »

Emmanuel Bachellerie, directeur général de Brest Ultim Sailing, société organisatrice de Brest Atlantiques : « Nous regardions depuis quatre jours l’évolution météo sur le Golfe de Gascogne, les fichiers se sont affinés jusqu’à ce que nous prenions une décision qui a été entérinée ce matin de reporter le départ de Brest Atlantiques. Le principe est très clair : la sécurité des marins et l’intégrité de leurs bateaux priment sur tout le reste. Ce n’est jamais agréable d’annoncer le report d’un départ, nous allons désormais tout faire pour prendre la première fenêtre disponible. »

Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : « Ce report est complètement normal. C’est une question d’humilité que nous devons avoir en tant que marins, nous devons même montrer l’exemple. Dans une situation pareille, on se doit de dire qu’il ne faut pas y aller. Cette décision a été accueillie par les marins de façon collégiale, il n’y a pas de gros bras dans ces cas-là, nous sommes un sport qui a une certaine maturité, on ne joue pas face à la nature. »

Yves Le Blévec (Actual Leader) : « Ce report est évident, on voyait le coup venir depuis une semaine, il n’y a rien de surprenant, la question de partir ne s'est pas posée, on ne peut même pas sortir du Goulet de Brest dans ces conditions. »

Gwénolé Gahinet (Trimaran Macif) : « La décision a été unanime. Il y a une sacrée tempête qui passe ce week-end, ça paraissait évident de ne pas partir dimanche. Rien que les manœuvres de port dans des rafales à 40 nœuds sont très compliquées, ce n’était donc pas raisonnable de partir. Ensuite, il y a la mer qui complique tout. Nous allons prendre le premier créneau qui se présente la semaine prochaine. Nous avons quatre bateaux qui ont à peu près la même vitesse, je pense que nous allons arriver à trouver un créneau pour quitter le Golfe de Gascogne rapidement, on ne va pas rester là un mois. »

Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) : « Ce n’est pas qu’on ne peut pas affronter ces conditions, mais c’est toujours compliqué de les affronter dès le début, près des côtes, dans un endroit où la mer est souvent très mauvaise. Et si on a un problème, on engage des secours, donc les vies des sauveteurs. Par rapport à la classe, je pense que c’est plus intelligent de ne pas aller mettre les bateaux en danger, on a tous la Route du Rhum en tête, la flotte est encore jeune, on ne va pas faire n’importe quoi. Cette décision a fait l’unanimité, personne n’a dit qu’il avait envie d’y aller. »

Photo : Yvan Zedda/Brest Atlantiques